top of page

Le festival d'Avignon jour après jour (part 1)



INTRO :


J’ai terminé le boulot à 17h. Et contrairement à ce qu’on peut penser : les surveillants en fin d’année ne se tournent pas les pouces ! Ohhh que non. Nous sommes les petites mains qui saisissent TOUTES les données de CHAQUE élève (nom, prénomS, adresseS, responsables légaux, langues, options, et ce PHOKING RIB qui rend fou !). À 19h, je file les clefs à la nénette qui sous-loue mon appart' et à 22h, j’ai mon Ouibus pour Avignon. Hâte d'être le cul posé dans mon siège ! L’éducation nationale et ses vilains chiffres (qui me font loucher), ne seront plus qu’un vilain souvenir.

(Moi derrière mon écran depuis une semaine)

Ça va être mon 3ème festival comme « tracteuse » (racoleuse ?!) avec cette compagnie. Je suis nourris, logée et payée ! Ce sont deux comédiens que j’aime beaucoup et je sais que ça se passera divinement bien avec eux. Mais malgré tout… je n’suis pas super-saucée. L’an dernier, j’y ai laissé une amie (caractérielle soit, mais une amie quand même). J’étais pas bien dans mes sneakers, je me sentais toute-nulle, pas à ma place, constamment dans son ombre, soumise, réfrénée dans toutes mes envies… Des vieux schémas se sont rejoués et c’était VRAIMENT désagréable. (Je noircis le tableau, mais j'me suis bien marrée quand même). Le fait que cette nana et d’autres gens que je n’ai aucune envie de voir soient là, me mine complètement le moral. Malgré tout, je me force à y aller le plus neutre possible, sans attente, sans crainte et les chakras ouverts (comme ma bouche devant une cuillère de Nocciolata). Pour faire le point chaque jour et pour ne pas me laisser envahir par cette euphorie ambiante, j’ai décidé de tenir un journal de bord. Vous pourrez y lire mes anecdotes (croustillantes, je l’espère), mes moments Maddy-VNR (soyons réalistes, il y en aura), et mes « critiques » de spectacles. D’ailleurs, des spectacles, parlons-en, il y en aura 1400 cette année (tranquille !). Va falloir qu’on impose notre style bébé. Mais j’ai confiance !



 

AVIGNON, JOUR MOINS 1


Vue le prix du train, j’ai tenté l’expérience Ouibus. Départ : Paris, 22h45 et arrivée : Avignon, 8h. Eh bien, le Ouibus, je recommande… Pas. Je-ne-recommande-pas. SURTOUT quand y a des polonais (ou des russes, j’suis pas formelle) ivres-morts à 2 sièges de moi. Et sachez qu’en plus de parler fort, le polonais pète. Au niveau de l’ambiance olfactive, on était sur de la chambre d'ado un lendemain de fête du bac, ou pire, sur de la TENTE D'ADO le lendemain de soirée disco, au camping des flots bleus. Heureusement pour faire passer la pilule, y a des prises (pour écouter Nekfeu), la wifi (pour mater les snapchats de Nekfeu) et des sièges qui s’inclinent (pour essayer de fermer l’œil entre 2 secousses provoquées, non pas par Nekfeu, mais par des anus malades).

Et à 8h, je suis enfin arrivée. Ma valise pèse un âne mort (ou plutôt une ânesse bien vivante ET enceinte). Je la traine et arrive enfin dans l’appart’ des comédiens avec qui j’ai déjà fait 2 festivals : Marion&Antoine. Il est très mignon et situé pile à côté de la place des corps saints (où aucun corps n’est saint, rappelons-le). Ça me fait plaisir de les retrouver. J’ai défait ma valise et suis sortie allée voir un copain jouer (générale = gratuiiiiiit). C’était chouette mais les sièges beaucoup trop confortables… Alors, j’ai un peu piqué du nez… C'est la faute aux polaks-prouteurs ça, si j'avais pu dormir cette nuit, j'aurai pleinement profité du spectacle. Puis j’ai commencé à tracter gentiment (officiellement c’est demain mais officieusement tout le monde a commencé aujourd’hui). Les gens sont super réceptifs, c’est agréable. C'est ainsi que j'ai rencontré le premier rustre de l’année 2016 :


« Oh con ! Faut bronzer un peu ! Tu fais mal aux yeux ».

Normalement il arrive fin mai, mais vue les circonstances météorologiques parisiennes… Je ne l’ai pas envoyé pété parce que je l'attendais impatiemment (ça voudrait dire que mes gambettes sont à l'air !). Puis j’ai décidé d’aller à la piscine mais faut croire que j’ai beaucoup de mal à lire les horaires qui correspondent aux jours... elle était déjà fermée #cotorep.


Donc je rebrousse chemin… ET LA ! NON MAIS LA ! CROYEZ-LE, CROYEZ-LE PAS : LE PROF D’EPS SEXY DU LYCEE (Mr Ricard). Explosion-de-foufoune. Je fonce sur lui l’air détaché (alors que j’avais qu’une envie c’était de périscoper la scène avec toutes mes collègues). On discute et je comprends qu’il est également un peu régisseur. Et... il a pris mon numéro. L'adolescente en moi s'est réveillée instantanément. Moi qui l'imaginais déjà sur un surf aux Baléares... Comme quoi, derrière un prof de sport sexy se cache parfois un tekos alcolo. (Si un jour il tombe sur ce blog, je serai mortifiée. Sachez qu'initialement, je voulais choisir un pseudo, mais "Mr Janot" c'était définitivement trop rodave).


Bon, il est 22h44, grosse journée il faut que j’aille dormir. Demain, la guerre commence. Je vais me forcer cette année à boire moins de coups et à voir plus de spectacles ! La culture avant le rosé.


 

AVIGNON JOUR 1


Levé 9h. Des amandes, des noisettes, des fruits ET C'EST PARTI ! Je rencontre l'autre tracteuse qui est ma foi, fort sympathique. On élabore le plan d'attaque. Les terrasses resteront notre cible number one, jugeant le tractage à la volée inefficace. 12/14h, on voit le spectacle et 15h15/17h15. On la brief sur le pitch et c'est parti :


Eh bien écoutez, ça s'est super bien passé ! Les gens sont réceptifs, souriants, enjoués (y compris les avignonnais qu'on envahit et les serveurs qu'on gêne). En parlant de serveurs, je retrouve des têtes connues, notamment un qui m'avait offert l'an dernier un maxi-mojito-de-la-vie-à-la-fraise. Mes papilles s'en souviennent encore. Ça fait plaisir de retrouver ses repères. Le seul moment chelou de ma journée fut ce poivrot autant agressif que mystérieux :


"- Vous êtes toutes pareilles.

- De ?

- Le théâtre c'est d'la merde.

- D'accord.

- La musique, y a que ça de vrai.

- Ok

- D'ailleurs comédien, comédieu, dieu, le ciel, la mensonge.

- ... nickel. Bonne journée !"


J'essaie encore de déchiffrer son association d'idée et je ne désespère de trouver une réponse un jour, surement dans un état d'ébriété avancé. Bref, l'énergie est belle. J'ai rencontré ou re-rencontré des chouettes comédiens. Thomas m'envoie des textos. J'ai trouvé 2 t-shirts soldés chez H&M à 3€. La France a gagné 2-0. Je vais tâcher de m'endormir sous cette pluie de klaxons. A demain !

 

AVIGNON JOUR 2


Couchée tard hier donc levée tard, 10h. Oui, c'est tard pour moi. Mais bon, j'arrête la psychorigidité et je laisse mon corps décider de comment procéder pour tenir les 4h de tractage/jour jusqu'au 30. Le tractage s'est bien passé, on a été assez efficace. Y a juste ma collègue qui est tombée sur un bon gros con. Mise en situation : elle le tracte, le type prend le flyer, le met en boule et le jette à ses pieds... La violence du geste ! A sa place (et avec une case en moins), je lui aurais volontiers vomi au visage !

Puis vers 18h, je me suis saucée et je suis allée à la piscine municipale. Parce que oui, tout le monde l'ignore, mais il y a une piscine municipale intramuros en Avignon. Et ben même que c'est cool, qu'on peut nager pépouze et que les gens y sont civilisés (pas comme à Paris). Après, j'ai filé sur une terrasse où Lolo (meilleur-serveur-ever), m'a proposé pendant l'aprem de m'offrir un cocktail trop-de-la-balle. Et J'AVOUUUUUE c'est vraiment un cocktail-trop-de-la-balle. Puis un copain incroyable qui a fait parti de la troupe que j'ai quitté, m'a rejoint. Autant dire qu'on a repris un cocktail (un 69 --> je recommande). On s'est marrés comme des baleines, on a eu des vraies discussions profondes, ésotérico-philosopho-psychologiques. J'aime cette personne.


2h28, c'est tard pitain, j'vais au dodo. Ah oui et j'ai croisé Fred Testot (l'homme le plus drôle du mooonde), et même qu'il m'a reconnue et fait la bise. J'ai trop hâte d'aller voir son spectacle. C'est LE MEC qui peut causer un relâchement de mon périnée à force de rigolades. Puis je le trouve d'une humilité hors du commun. Il me touche autant qu'il me fait hurler de rire.


(Papa minouch président)

 

AVIGNON JOUR 3


Une journée somme toute normale dans ce Disneyland du spectacle qu'est Avignon. Même si elle a débuté avec la rencontre d'un ex à moi (que nous appellerons Robert) qui est en Avignon pour "aider" une CONNASSE (que nous appellerons : Lola-la-pute). Des explications s'imposent : du temps où j'étais avec Robert, il m'a quittée et est allé directement coïter avec cette nana (aux nibards démesurément gros pour son petit corps => je pense que ça joue). Et moi Lola, je la trouve ni belle, ni sympa, ni drôle, ni intelligente. Je trouve que c'est une... une prestidigitatrice de la séduction. Ouais, carrément. Même avant ces histoires-de-fesses, je la sentais pas la p'tite. J'ai toujours vu la vilaine sorcière qui se cachait derrière son regard bovin soit-disant inoffensif. Mais bon, j'ai appris à ne plus en parler parce que TOUT LE MONDE la défend systématiquement et je passe pour la jalouse-de-service-qui-reporte-sa-haine-sur-cette-pauvre-lola-trooopgentille-au-lieu-d'en-vouloir-au-gros-Robert-qui-pense-avec-sa-bite... Mais, jmenbalec', je fais confiance à mon ressenti. Si les gens choisissent de se laisser berner par les minauderies, c'est leur problème.


Bref, toute haine dissipée, je garde de l'affection pour Robert. On se marre comme des baleines à chaque fois qu'on se voit et on se permet d'être d'une franchise brute ! On est vrai, sans séduction aucune. C'est pétillant. C'est fun. C'est vrai.



Sinon, je suis allée voir Les Joyeux Urbains au théâtre des Brunes, ce soir. Et c'était fort chouette. Arnaud Joyet et Emmanuel Urbanet sont vraiment VRAIMENT drôles. Dommage que la mise en scène soit si pauvre. Ça pourrait être beaucoup plus dynamique et enjoué. J'ai été très touchée par cette chanson (vous pouvez passer toutes les blagues de l'excellent Arnaud Joyet et zapper direct à 3:10).



Je loge à côté de la place des Corps Saints et y a un genre de concert indéfinissable à un volume sonore indécent. Un mélange entre Jean-Michel Jarre et des rites païens. Je sais pas où m'foutre. Ça me met mal à l'aise. Mais je vais tâcher de passer outre et de dodoter.

 

AVIGNON JOUR 4

Aujourd'hui, j'ai les pieds en feu. Mais genre cloqués en mode vénère. Surtout le petit doigt de pieds gauche. J'ai donc mis à l'épreuve mon amabilité et... Bizarrement ça l'a fait. Avec un sourire, les gens se détendent la nouille automatiquement. Et en les voyant se détendre, je ne les crains plus, donc je suis détendue aussi. C'est tout con les relations humaines en fait :p !

Bon j'en viens tout de suite à ce soir : le match. De nombreux spectacles ont été annulé pour l'occas'. On l'a vu à l'appart avec des olives, du rosé et leurs potes comédiens. Z'étaient tous plus drôles les uns que les autres. Entre ceux qui hurlaient à chaque action, ceux qui critiquaient les coupes de cheveux et Seb qui a joué au coach en séduction pour que je passe pour une footeuse aux yeux de Thomas Ricard (LE prof de sport). Je me suis pas ennuyée ! C'est marrant, à chaque match, je me découvre un élan patriotique. Résultat : 1-0 pour le Portougual. Bonsoir tristesse-générale. Je décide d'aller consoler le beau Thomas. Je me suis permise d'envoyer un mms mystérieux de lui&moi, à mes collègues qui se sont un peu affolées : "MAIS QU'EST-CE QU'IL SE PASSE ? LA FRANCE VEUT SAVOIR". J'ai couru partout sur la place des Corps-saints, à déconner avec du comédien-sympa (Artus s'est bien foutu d'ma gueule #menfoujlaimepas) et puis je suis rentrée. Au dodo. Faut pas tirer sur la corde, il reste quelques s'maines !


Je termine avec cette chanson de Volo plus que d'actualité !

Et même qu'il est sur Avignon à l'Arrache-Coeur à 16h30 !


 

AVIGNON JOUR 5


Que s'est-il passé aujourd'hui ? Ma foi rien de fifou. Ah si, il a plu. Et tracter sous la pluie, c'est chiant. Puis vers 14h, les nuages ont fuit, laissant place à un beau soleil avec de puissants rayons (de gros bâtards !). Il faisait une chaleur MAIS UNE CHALEUR ! Je suinte du fessier rien qu'en y pensant. Alors j'ai pris encore plus de temps à chaque table, profitant ainsi des brumisateurs installés sous les parasols des tarasses... Il y avait beaucoup de départs aujourd'hui donc pas mal de vent-dans-ma-gueule MAIS les gens toujours relativement sympas. Marion&Antoine ont fait 45 entrées pour une salle de 100. Ça me fait un peu chier pour eux qu'ils aient pas plus de monde, parce que vraiment, on donne de notre personne, on y va, on chôme pas. Le plus révoltant c'est que le spectacle (d'une nullité absolue) qui se joue à la même heure, dans le même théâtre, affiche complet, lui. JE CRIE A INJUSTICE DIVINE.


A 20h25, je suis allée voir Frédéric Fromet au théâtre Le coin de la lune. Je l'ai connu dans Si tu écoutes, j'annule tout (best-émission-de-radio-de-la-terre) donc j'ai foncé direct en sachant que c'était une valeur sûre. Et je me suis pas loupée ! C'était DE LA BALLE ! Il a une énergie, une voix, un visage très particulier. Et il a réussi à en faire sa force ! J'apprécie grandement le fait qu'il REGARDE sincèrement son public. Il est super généreux, léger. Un vrai gnome-farceur ce Frédo ! Écoutez donc cette chanson sur les bobos pour vous faire un avis !

 

AVIGNON JOUR 6

Ce matin, je me suis réveillée avec un sacré mal de gorge et le nez un peu bouché. Pourtant, je n'ai pas fait de folie de mon corps... Hier soir je me suis couchée tôt (et sobre je précise => parce que se coucher tôt avec 6 grammes, bon). Peut-être que mon corps essaie de me dire quelque chose ? Ou il me rappelle simplement que je suis fragile comme un coquelicot un jour de mistral. Mon mistral à moi, c'est la clim. LA CLIM DÉFONCE MA GORGE DE MANIÈRE SYSTÉMATIQUE. C'est pénible. Dehors il fait bon, limite frais. Et je sais pas si c'est la faute des nuages mais les gens sont ronchons. Et je suis tombée sur mes premiers gros cons du festival :


- Bonjour-bonjour Messieurs Dames, je vous propose ce super spectacle pour votre diges...

- Vous voyez pas qu'on mange ? Filez votre papier et barrez vous !



EN MÊME TEMPS, la nana bouffe place de l'horloge à 13h ! C'est l'heure où afflue tracteurs, comédiens, parades... Un minimum de jugeote ! Alors qu'elle aille dévorer ses grosses frites à l'intérieur d'un restau, dans une rue paumée et elle pourra transpirer du gras TRANQUILLE derrière son fond de teint de pouffiasse ! Sans déconner... Et comme j'étais un peu énervée, j'ai pas fait gaffe à ma masse corporelle et je me suis pris une bitte dans le tibia (d'où l'importance de l’orthographe). Je marque vite, j'ai un méga bleu.



Ils ont fait fait presque complet à 6 places près ! #joiedansmoncoeur. J'ai fait du ménach' à l'appart' pendant qu'ils jouaient. J'ai mis la télé :) (D'ailleurs la télé quoi... J'en ai pas depuis 6 ans mais dès qu'on m'en fout une sous les yeux, je redeviens une boulimique de conneries). Puis j'ai retracté. Je suis rentrée, j'ai dormi (je suis hyper fatiguée alors que j'ai vraiment pas l'impression de tirer sur la corde :/ ).



A 21h, je suis allée avec une pote voir un SUPER SPECTACLE TROP INCROYABLE. C'est Concerto a tempo d'umore au Pandora. Les musiciens sont grandioses. Ils interprètent des grands classiques tout en jouant des situations loufoques. La mise en scène est super bien pensée. Tout est grommelé (ils sont italiens je crois), les gags sont visuels. Tantôt drôle, tantôt sublime, ce spectacle est rythmé à la perfection ! Je recommande. Extrait : ici.




 

AVIGNON JOUR 7

Journée de la loose. Je vais me coucher.

 

AVIGNON JOUR 8

Réveil maussade mais on est le 14 juillet ! Pas question de faire la gueule. Ça grouille de monde dans les rues. On ne voit pas à plus de 3 mètres sur la rue de la Ré. Y a un vent de malade et il fait pas bien chaud mais les gens sont très TRÈS réceptifs. Trop même.


Je réfléchissais et Avignon, c'est quand même LE lieu où les barrières tombent. On ose parler aux inconnus, sans crainte d'être rembarré. Et les inconnus en question ne sont pas si terribles ! Ils t'écoutent, te regardent et sourient même. C'est la magie d'Avignon ! C'est un peu dommage qu'il faille une excuse pour briser les codes qui nous auto-isole, meuh bon.


Le tractage a été d'une efficacité redoutable. Antoine (le comédien) ne fait qu'une bouchée des vieilles dames et des groupes. Il me fait pouffer de rire quand il fait son cinéma, il a toujours la blague qui va bien. Toutes nos énergies réunies font qu'ils ont fait complet et refusé du monde même ! Et refuser du monde à Avignon, c'est classe. Ah oui, j'ai tracté Sam Karmann :)



A 18h50, je suis allée voir UN PUTAIN DE BON SPECTACLE (du théâtre cette fois ci !). Ça s'appelle COMEDIENS et c'est à l'Atelier 44. Ils sont 5 sur scène. Ils retracent l'histoire d'une jeune troupe de théâtre : de leur rencontre dans les cours, à l'après troupe. La mise en scène est d'une intelligence... ! Super fluide, rythmée, dynamique. Les comédiens sont excellents ET QU'EST-CE QUE C'EST DRÔLE. C'est notre vie à nous, saltimbanques du théâtre :p, sur scène. Très franchement c'est une des meilleures créations que j'ai vu ces dernières années. Je suis enjouée comme tout ! Alors si tu me lis et que tu es sur le festival, VAS Y ! Tu vas te régaler.



Et le soir bon, le soir, je suis sortie. Au village du Off. Je bénis Francis, l'ancien régisseur de ma troupe, rencontré par hasard, de m'avoir fait découvrir l'endroit qui vit chaque soir (et pas uniquement à la fête de fin de festival !). Des concerts tous les jours à partir de 23h. Avant 21h, une bière achetée, une bière offerte (on est sur du 2€50 la pinte hein, c'est carrément imbattable !). J'étais avec des copains dont un qui est chargé de prendre soin d'un jeune anglais de 17 ans, très mignon mais très mineur. J'ai dansé, j'ai rigolé, j'ai parlé anglais comme une vache espagnole. Francis m'a fait une déclaration d'amour ! Azy, ça fait zizir à mon égo, surtout après l'échec cuisant que j'ai essuyé la vieille (je vous ai pas raconté mais ça viendra, là j'ai encore trop honte !). Puis j'ai retrouvé Patou (oui LE Patou du mariage de ma sœur, LE Patou-comédien-hyper-drôle). Nous nous sommes aventurés au Délirium. Puis à 3h bon, fallait rentrer quoi.



 

AVIGNON JOUR 9

Y a un de ces mistral aujourd'hui, j'vous raconte pas ! Il est normal de se prendre dans la gueule : des pancartes, des verres ou même des gens légers. Par contre, j'ai vraiment pas assez dormi. Levée 9h30 parce que plus trop sommeil et parce que mon foi réclamait du solide. Moi qui me nourrissait essentiellement de fruits et crudités, ben je peux vous dire que là, j'ai niqué mon cotât féculent/gras/sucre pour le festival. C'est scandaleux.


Un tractage normal et super efficace une nouvelle fois, ils ont affiché complet ! Y a juste un monsieur super virulent qui m'a dit : "Est-ce que vous croyez que je vais pouvoir manger TRANQUILLE avec mon épouse ? Ça tombe sur vous, mais c'est agaçant quoi à la fin !". Pourtant mon approche était délicate. Je voulais pas le déranger et il voulait pas me blesser moi directement. Il avait l'air d'être énervé pour autre chose et j'ai pris toute sa misère en pleine face ! Injuste. Puis après, il s'est calmé tout seul et s'est un peu adouci. Je suis partie rapidement et j'ai eu envie de pleurer, j'étais super triste. C'est couillon. Je sais pas pourquoi.


J'ai fait une petite sieste, et ce soir je suis allée voir Fred Testot à 22h au Palace. Ce type est génial ! Je me suis poilée comme pas possible... Il est drôle, mais qu'est-ce qu'il est drôle PUNAISE. Il y raconte ses "déboires" de comédien-connu. Il interprète des personnages qui ont jalonné sa route et se caricature lui-même (ou pas, on ne saura jamais qui est Fred Testot tant il réussit à se préserver !). Et je peux vous dire qu'il est très très touchant au delà de sa drôlerie. Très humble, très positif, très pudique, très sincère, très humain. Très doué.


 

AVIGNON JOUR 10

J'ai dormi seule dans l'appart' cette nuit. Et même que j'ai été une grande fille et que j'ai même pas eu peur des bruits SUPER ÉTRANGES que le mistral provoque.... Au sot du lit, j'ai fait une tarte aux légumes. Un p'tit coup d'ménage et hop, on est parti pour tracter. Il fallait veiller plus que jamais à ne pas slider sur une affiche tombée au sol et se vautrer telle une déesse de l'amour, ivre. Un tractage efficace ! Y a même 2 mamies TROP MIGNONNES qui m'ont invitée à m'assoir à leur table et à manger la fin de leur barquette de frites. "Comment vous croyez que vous allez vivre vieille comme moi ? Faut manger !". Elles ont parlé de leur famille, de leurs petits enfants, de la condition des femmes : "Ma petite fille a eu 3 Jules en 2 ans, ses parents trouvent qu'elle exagère, et moi je le dis qu'elle a raison et s'il doit y avoir 20 autres, qu'il y en ait 20 autres ! On s'est battu pour ça !". Petite bouffée de CO2 entre 2 rafales.



Et... Ils ont fait ENCORE COMPLET ! Marion (la comédienne) m'a envoyé un texto pour me dire que demain aprem, c'était relâche. TROP DE JOIE DANS MON CŒUR A L’IDÉE QUE J'AI UNE APREM POUR FLÂNER. Ça m'a redonnée plein d'énergie alors j'ai été une killeuse-du-tractage x10 !


Vers 18h, je suis allée à la piscine. C'était chouette, on était 6 ! Autant dire que fallait y mettre de la mauvaise volonté pour s'gêner. Sur la fin, j'avais une ligne pour moi. Je me suis octroyée le droit de m'exercer au crawl sans crainte de me faire doubler par un athlète exaspéré par ma lenteur. En temps normal, je suis team-brasse-coulée. Le crawl, j'ai essayé hein, mais on dirait une cotorep. Mes mollets se contractent anormalement. Je tiens pas la droite. Je m’essouffle super vite. Deux longueurs et j'suis au bout d'ma vie :



MAIS BREF, la piscine un jour de mistral, c'était quand même une belle idée de merde. J'ai attrapé mal. J'ai senti le moment où mon corps m'a dit "Stop, maintenant tu sors de l'eau meuf !" mais j'ai continué... Dans un soucis de "pas assez" : pas assez fait de sport, pas assez musclée, pas assez amorti ton ticket, pas assez profité...


Le soir, je suis sortie avec un type, Romain, rencontré dans la rue des Teinturiers quelques jours avant. Mignon. En étude de psy donc un peu névrosé. Assez manipulateur avec ses termes techniques "Moi j'suis un Lacanien avéré" (xD). Maitrisant super bien l'art de la rhétorique. Mais j'les connais bien ces loustics, j'me laisse pas (plus) démonter (je m'entends). Là dessous, y a un type qui me plait bien. J'le trouve touchant. Plus on avançait dans la soirée, plus il se dépouillait de son personnage social, c'était agréable. J'ai bu 2 verres de rosé mais c'est comme si j'avais bu le double. J'ai senti ma voix commençait à se barrer, le nez se boucher... Vers minuit, je décide d'y aller. Romain me raccompagne et sur le pas de la porte, il m'a embrassée.


 

AVIGNON JOUR 11

Réveil hardcoooooore. Pas de gueule de bois mais un corps tout fatigué. Des cordes vocales blessées. Le nez bouché... Bite. Ça me gonfle pour Marion&Antoine. J'veux pas qu'ils croient que je me mets des grosses caisses tous les soirs (comme la pote que j'avais mis sur le coup l'an dernier et qui avait perdu sa voix à force de clopes/d'alcool et de sédouctionne...). A peine habillée, et déjà en route vers la pharmacie la plus proche pour dégoter un remède miracle pour booster mon petit corps. J'ai pris un spray aux huiles essentielles et du doliprane. Espérons que ça soit efficace.


Mais quand même, réfléchissions intelligemment. Que me dit mon corps ? Que je ne prends surement pas assez de temps pour moi ? Je me libère des créneaux pourtant (mes pages du matin, la pause du midi et les articles du soir), mais c'est visiblement pas assez. J'ai fait le choix d'être globalement seule cette année, et là je me retrouve dans une effervescence aussi belle que superficielle. Mon corps gère difficilement le choc-thermique-sociale. Puis je crois qu'il y a tout plein de remontées émotionnelles qui sont là et qui n'ont pas le temps d'être prises au sérieux. On est tellement vite rattrapé par une rencontre, une affiche, un spectacle (ou un mec !). Je crois aussi que j'ai hâte de faire Avignon avec un spectacle à moi. C'est frustrant d'être rabaissée au rang de "tracteuse" alors que bon, je suis quand même comédienne, un peu chanteuse et surtout remplie d'idées. Puis j'ai tellement envie de faire de la musique, d'écrire, de chanter en ce moment. Ça n'a jamais été si fort.



Ils me proposent de ne pas tracter le matin aussi mais je refuse. J'y vais envers et contre tout. Cette salle doit être complète aujourd'hui aussi. ET LA, en remontant la rue de la Ré avec Marie, QUI EST-CE QUE JE VOIS ? MA SALOPE DE MÈRE ! Elle fonce sur moi et me dit "Bonjour Madelone" avec son air de soumise mais de sorcière à la fois. Je l'ai ignoré. Et j'ai tracé ma route. Ça me fait plaisir, je ne ressens plus AUCUNE culpabilité à avoir envie de la buter. Oui, elle m'a engendrée, oui elle a souffert dans sa vie et oui elle m'a quand même nourri. ET ALORS ? Moi j'ai de la haine contre cette morue qui n'a pas idée de ce que j'ai vécu sous son toit. Qu'elle vienne pas me chauffer parce que je la recevrai. Pas d'chance pour elle, je gagne en confiance en moi chaque jour et lui hurler dessus en pleine rue ne m'ennuierait absolument pas :D


(Pleure Salope - 1995)

Elle a eu la décence de ne pas venir voir le spectacle, pas comme l'an dernier. Bref, j'ai tracté seule à partir de 13h (l'autre tracteuse a sa journée off). J'ai vu ma voix se faire la malle, petit à petit. J'ai bu un citron pressé au café In&Off sur la place du palais des papes. Les serveurs sont trop sympa là-bas (David et Lolo = <3). Puis j'ai tracté à la sortie du spectacle ET JE SUIS RENTRÉE, ENFIN. J'ai dormi comme un gros bébé. J'en ai zappé de me réveiller pour aller voir un spectacle où on m'avait gentiment mis une invit' mais il parait que c'était nul à chier donc pas de regret. Tout le monde se ligue ce soir pour me proposer des spectacles ou des restau mais je refuse. Je dois me reposer. D'ailleurs au dodo. (Oh non pitié, le spectacle chelou du IN commence, la musique est VRAIMENT gênante).

 

AVIGNON JOUR 12

Je suis un peu moins malade qu'hier mais c'est pas encore ça. Il fait 34 degrés mais je garde ma petite laine autour du cou #TOUTVABIEN. Les gens ont un peu pitié je crois, alors ils m'écoutent. Sauf une : - Bonjour bonjour ! Est-ce que v... - Non ! NON MERCI. - D'aaaaaaaccord.

Ma collègue arrive. Et je lui glisse un discret : "grosse ambiance à cette table !". Et voilà que la moche m'a entendue et s'empresse de me rattraper avec un : "NON MAIS CA VA OUI ?! Et gnagnagna". J'ai baragouiné un truc genre "je suis encore libre de parler MADAME". Et j'ai tchatché avec la table d'à côté qui était sympa, elle. Mais j'hallucine ! Elle est agressive et moi je me dois d'être gentille et souriante ? Eh non ma grosse, j'ai le droit de t'envoyer la même énergie de merde au visage. Dans un monde où il serait légal d'arracher les poils, je lui en aurai bien tiré quelques uns AU NEZ. Quelle pouffiasse. Y en a eu un aussi qui a voulu jouer au gros malin et me piéger avec des raisonnements douteux sur les flyers, l'environnement et ma salive (?). Mais j'me suis pas laissée démonter. Puis, je sais pas si c'est la clef de sa BMW posée sur la table ou sa pochette Longchamp, mais mon petit doigt me dit que son emprunte carbone est bien plus élevée que la mienne. Quel plouc, tout ça pour faire le coq devant une pouf avec 2 neurones. Ouais, j'suis énervée aujourd'hui.



Sinon, je me suis fait inviter à un spectacle que j'avais repéré. Okidok au Kabarouf à 18h20. Sauf que le Kabarouf, c’est sur l’île de la Barthelasse ! J’ai hésité 2 secondes à faire ma bourgeoise et à me limiter à une culture intramuros mais finalement non. Alors j’ai marché jusqu’à la navette fluviale. Et quand j’ai compris que le demi-pont-tout-miteux à côté de moi, c’était LE PONT D’AVIGNON, ça m’a fait un choc… Sans rire, il est tout pété ce pont ! J’en ai rarement rencontré un avec si peu de charisme. Il n’a rien de spéciale si ce n’est une comptine ! D’ailleurs, si j’étais le pont de l’Alma, j’aurais trop l’seum’ que ce clodo ait une chanson à son effigie et pas moi. Revenons-en au spectacle. C’était dans un chapiteau de cirque. Le lieu super sympa, de la paille partout, une buvette en bois, des pins et des gens pieds nus ! Ils sont 2 sur scène, c’est un genre de mélange entre l’humour des Monty Pythons et Mister Bean (de l’humour anglais quoi !). Des clowns qui ne parlent pas, qui grommellent. C’est limpide. On comprend chaque situation. Ils y vont fort sur le comique de répétition, heureusement que je suis grande cliente du comique de répétition. J’étais un peu dégoutée de ne pas avoir les cordes vocales pour m’esclaffer. Ça m’a un peu gâché le spectacle de penser à ma gorge. Puis je suis allée au village du off rejoindre Francis. J’ai pris un jus d’ananas et on a discuté. Il est mimi mais y a rien à faire, il ne me plait pas. Il m’a raccompagnée et a été un peu lourdingue sur les bords. Mais j’ai dit que "non", et que "jamais". J’espère que y aura pas d’malaise Blaise.

 

AVIGNON JOUR 13

Une journée-routine en Avignon. Les gens sont cool (sauf ceux à vélo qui dégainent la sonnette plus que de raison). Je suis sortie sans mon écharpe #fierté. Je me bourre d’huiles essentielles et de miel. Malgré tout, j'ai quand même la voix de Tom Waits... au réveil. Et j'ai acheté un déodorant WELEDA au citron qui ne me correspond pas du tout. Alors j'ai envie de vous dire que j'ai aussi l'odeur de Tom Waits au réveil. Mais un Tom Waits naturel, bio & équitable.

A 18H30, je suis allée voir Julie Villers dans Je butterai bien ma mère un dimanche (EXCELLENT TITRE) au théâtre des Corps Saints. Je l’ai vu pour la première fois au Fieald y a 4 ans et dans plusieurs scènes ouvertes parisiennes et elle me faisait déjà pouffer de rire. Et je peux vous dire que son spectacle est une pure tuerie ! Elle fait entrer le public dans sa thérapie de groupe dirigée par le psy/régisseur. Ce qui crée une automatique-compassion pour cette fille cabossée par son histoire. Elle joue tout plein de personnages (dont sa mère, sa grand-mère et même un chat !) avec une énergie incroyable ! Elle ne faillit jamais et pourtant dieu sait qu’elle donne, elle donne, elle donne.. A la vue de ses punchlines et de ses mimiques, cette fille est complètement brindezingue ! Des fois, ça part même un peu dans tous les sens mais, franchement, on lui pardonne. Puis, j’aimerai saluer le COURAGE de la nana qui fait sa propre billetterie avant son spectacle et qui a visiblement un bébé. Chapeau bas.

Bon, moi j’vais faire un tour rue des Teinturiers avec un régisseur/comédien lyonnais rencontré en tractage. (Je n’ai jamais rencontré autant de lyonnais que depuis que je prévois d’y habiter, tiens !). L’a l’air très chouette c’gars là. Je réalise qu’on est à la moitié du festival. Ça passe tellement viiiite. Je crois qu’il y a un espace-temps-interne au festival d’Avignon. Vraiment.


 

AVIGNON JOUR 14

WAAAAA DÉJÀ. Loin de moi l'idée de rabâcher des phrases de mamies telles que "le temps passe à une viiiiiiitesse" mais quand même. Le levé était chaud. Hier soir, je suis sortie avec un régisseur tout mimi, que nous appellerons Marcel (Marcel-le-régisseur, ça le fait). On était rue des Teinturiers et après on s'est baladé et ça a finit sur les remparts jusqu'à 4h du mat' à se faire des bisous comme 2 adolescents timides. Marcel est lyonnais, intéressant, intelligent, spirituel, ouvert, sensible, touchant, très beau mais... plus jeune que moi. Première fois que ça m'arrive dis-donc, moi qui ai le don de m'éprendre pour des trentenaires révolus... Ça a fait sourire mes proches qui après chaque annonce d'un nouveau béguin me demande systématiquement "Bien bien bien... quel âge ?".


Puis bon, il s'est avéré qu'il habite à 30 minutes des remparts... et que son vélo était chez des copains... qui ne répondaient pas (ces gens qui ne répondent pas à 4h du mat'... GRRRRR :P) donc j'ai fait ma BA de la soirée et je l'ai accueilli dans mon lit... une place. On a tenté de dormir. Et comme j'étais stressée d'imposer ce réfugié à Marion&Antoine, je l'ai (un peu) obligé à partir tôt le matin. Parce que quand même, bon.


Le tractage s'est bien passé. 60 résas à 12h. Du-jamais-vu. Petite siestoune vers 18h et je me réveille avec un texto de Patou : "Allez viens me chercher au République Paradise, j'ai dit que je sortais avec un mannequin russe". (Bon là, on est sur un mannequin russe avec les cheveux gras, des BIG poches sous les yeux et la voix de Barry White mais un MANNEQUIN RUSSE QUAND MÊME).


Puis, on a passé un bout de soirée ensemble. J'ai beaucoup ri ! Faut dire que c'est un moulin à conneries ce Patou. Le meilleur dans sa catégorie. Allez pour vous, quelques une de ces punchlines de la soirée : "Pleurer c'est trop facile, se racler la gorge avec panache, ça, ça l'est moins", "Mon genre de fille c'est 24 ans avec des lunettes et un t-shirt rayé" (je vous laisse imaginer ma tenue), "T'es sûre que j'peux pas dormir chez toi ? J'habite à 30 minutes et mon vélo est chez des copains...". Lourd ET attachant. Il arrive toujours à se faire pardonner ses débordements. Il m'a raccompagnée. (On m'a jamais autant raccompagné en bas de chez moi DE MA VIE que ces derniers jours). Une dernière blague et je rentre.


23h, dodo. O MON DIEU NON ! La musique du IN ! Là, on est sur un genre de Walt Disney africain qui se passerait dans 150 millions d'années. Rajoutez à ça le mec qui fait l'animation du restau d'en bas à base de Calogero et Jean-Jacques Goldman... => j'ai tranquillement envie de décéder.

La suite de mes aventures : ici !


LÂCHE

̶u̶n̶ ̶p̶e̶t̶

UN COM'

 

bottom of page