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Amitié et amertume

Je suis fâchée, blessée et triste (comme un sapin de Noël épicéa, un 23 décembre au soir, que personne ne voudrait acheter car il n'a déjà presque plus d'épines tandis que la foule s'arrache son voisin, le Nordmann, qui est insolent de par son charisme et la grosseur de ses membres).

J'en ai ras-le-bol d'être le faire-valoir de mes copines.



ASSEZ d'être celle qui prend moins de place, qui est moins jolie, moins charismatique, moins drôle, moins cultivée... Celle qui parle doucement, qui mesure ses mots pour surtout n’offenser personne... Celle qui regarde avec admiration tous ces gens qui font semblant d'avoir confiance en eux... Celle qui écoute, emmagasine les confidences, conseille... Celle qui a une loyauté sans faille, qui dit amen à tout, qui se laisse porter...


Mais en même temps comment faire le poids face à ces bulldozers de séduction ? Ces engins à générateur de regards ? Impossible. Je n'suis pas de taille face à des tenues provocantes, des petites-anecdotes-qui-vont-bien et une voix qui porte. Surement parce que je choisis inconsciemment de mettre mon énergie autre part... Mais mon égo a mal. Je me sens invisible (comme Harry&Ron sous la cape quand ils vont voir Hagrid #chacunsesréférences #keskiya).


Le pire étant qu'elles se veulent pleine de bons-sentiments à mon égard... Comme si j'étais une sorte de petite chose fragile à cajoler et à encourager. Tout ça parce que j'ai eu le courage de me montrer quelques fois faibles (ça leur ferait pas de mal de tenter l'expérience !). Alors elles se sentent investies d'une mission : me sauver (comme si elles pouvaient porter sur leurs épaules une éclopée-craintive en étant elles-mêmes des éclopées-orgueilleuses !) . Alors elles ont un discours qui me poussent vers les étoiles... Et doucement, prétendent mieux me connaître que moi, parlent à ma place et affirment avec aplomb voir clair dans mon avenir...



Elles ont tellement d'emprise sur moi, qu'elles ne me laissent même pas le droit de me tromper et me pointent du doigt à la moindre fausse note. Malsain n'est-ce pas ? Les réprimandes n'ont rien à faire dans l'amitié. Si seulement elles prenaient le temps de se regarder et de voir à quel point elles sont grotesques à se donner en spectacle en permanence... Elles font des erreurs chaque minutes et je ne suis pas dupe malgré mon mutisme. Je vois leurs mensonges mais je ne les accable pas, parce que je n'estime pas qu'elles doivent être parfaites.


Elles me poussent à prendre confiance en moi et dès que je commence un brin à m'affirmer en leur présence, me sermonnent avec des : "t'as changé, je ne te reconnais plus...". Elles ne me reconnaissent plus ? Ou elles crèvent de jalousie qu'il y ait 10% de leur auditoire habituel qui remarquent mon existence ? Elles me trouvent égoïstes ? Ou elles ne supportent pas de ne plus avoir le soutient inconditionnel que je leur portais ? La vérité c'est qu'elles ont décidé que je devais coller à l'image qu'elles se faisait de moi. Et si par malheur, j'en déroge, elles assoient sur moi leur don inné de la rhétorique pour m'écraser en me persuadant que je fais fausse route.



Genre elles sont des devins-omniscientes T'SAIS !

Ce sont plutôt des tyrans-narcissiques OUAIS !


Grossièrement c'est "sois belle mais moins que moi", "sois drôle mais moins que moi", "prends de la place mais toujours moins que moi sinon ça m'énerve". Comme si elles avaient besoin de mes yeux, toujours à disposition, pour se sentir briller en cas de subite baisse de confiance.


En réalité, ces soi-disant grandes-gueules-intègres sont incapables de communiquer avec leurs proches. Quand leur petit jeu ne fonctionnent plus, elles préfèrent mettre fin à une relation et fermer durement la porte à double tour plutôt que d’essayer d’échanger calmement. Mais attention, pas le genre de sortie-pépère-tranquille hein, le genre fracassante où elles hurlent une dernière phrase cinglante avant de claquer la porte pouuuur toujouuuuurs. Histoire que l’écho ait bien le temps de titiller la corde de la culpabilité…


(Maintenant que j'y pense, ces insupportables femmes despotiques, charismatiques, invivables, intolérantes et grincheuses me rappellent quelqu'un... J'ai plus qu'à continuer de bosser là-dessus... Ha-ha... Ha).



Je trouve ça bien dommage, en fait.



Elles finissent par me reprocher la place dans laquelle je les ai mise alors qu'elles s'y sont mises toute seule. Ou plutôt qu'on s'y est chacune mise d'un commun-accord-inconscient, disons. Chacune par rapport à son histoire. Et moi, je pensais naïvement qu'il était possible de rectifier le tire, en communiquant calmement et intelligemment sur nos griefs... Parce que j'étais sûre qu'un lien plus fort se cachait derrière nos répétitions de schémas respectifs. Je me suis trompée, à chaque fois. J'ai eu mal, à chaque fois.





Je décide donc aujourd'hui :

  1. d'arrêter d'être dans des relations dominants/dominés

  2. d'arrêter d'être le public personnel de gens en manque de reconnaissance

  3. d'arrêter d'être le réceptacle à vomi-de-problèmes de qui que ce soit

  4. d'arrêter d'être jalouse de ces pauvres filles superficiellement épanouies mais profondément tristes

  5. d'arrêter de penser aux autres avant moi

Somme toute, d'arrêter de me faire niquer.


LÂCHE

̶u̶n̶ ̶p̶e̶t̶

UN COM'

 

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