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Ode à Patou.

Ce qui devait arriver arriva : ma sœur se marie !

Et qui dit mariage dit ENFER. Parmi les invités, il y a inévitablement des crétins qu'on a aucune envie de voir SURTOUT quand on a la tête (et le cœur) plongés dans une thérapie.

LE DÉPART


Le jour J approche. Mon corps s'enjaille à l'idée de venir : un tour de rein (qui m'a valu 50 balles d'ostéo histoire de labourer mon découvert), des migraines à répétitions, des vomitos... Je fais tellement peine à voir que ma psy me propose de me faire un mot d'excuse. C'est tentant mais je décline. Pas le courage. Pas les épaules. Para bailar la bamba.


Je veille à ne pas me péter une jambe sur tout le trajet qui me mène à Marne-La-Vallée. Hop, je saute dans le Ouigo (je suis à côté d'un beau spécimen de pétasse-à-Closer qui se lime les ongles : JE DÉTESTE CE BRUIT. J'ai après eu droit, à une scène épique, où elle essayait de baisser sa tablette sans abîmer son vernis... Ça a duré bien 5 minutes. Je ne l'ai évidement PAS aidé en ricanant dans mon coin). Et pouf, j'arrive dans mon sud natal.




On est le jour J.


Il drache. Je suis tendue comme un string. Finalement la pluie s'est transformée en ouragan de force 12. C'est plus sympa pour un mariage. D'ailleurs big up aux mariés qui sont restés de marbre face au 10ème trou d'balle et son : « Et comme on dit, mariage pluvieux, mariage heureux hein ! »... (Moi j'aurais commencé à dérouiller des gueules dès le 2ème)


Après des regards en chien de faïence pour certain et des retrouvailles surjouées pour d'autres, le gros Patou est arrivé. ENFIN. (Il est plus vraiment gros depuis qu'il court 10km et se bourre de prot', mais c'est pour imager). Patou, c'est leur vieux pote comédien, le déconneur invétéré, l'insupportable dragueur, le type à la verve inimitable ! Il réussit systématiquement à te faire rire même si t'es renfrognée comme un bébé constipé.


- Ok donc tu m'humilies direct en fait ! Pourquoi t'as mis des talons putain ?!

Tu savais que j'allais v'nir !

- Mais même sans talon, j'ai une tête de plus que toi, conno !


Petit à petit, je redécouvre qui sont mes alliés.


Laura : - T'inquiète pas, si ta mère fait chier, Thomas la plaque au sol et moi j'lui fais gober

d'la mie de pain !

- Et moi j'ai mon BAFA !




On arrive sur le lieu du crime

(Chez ma ronne-da). La déco pour l'occas' est soublayme. Je ne connais pas les murs mais je connais les ¾ des objets qui s'y trouvent. Ça me fait tout drôle. Je surprends quelques regards furtifs à mon égard... Eeeeh oui, ils me quittent fillette et me retrouvent jeune femme. Grossièrement, je passe de la catégorie "joue à la barbie" à la catégorie "a potentiellement du sex-appeal" ou pour certains de "gamine" à "pimbêche". Mais rarement de "enfant intelligente" à "jeune femme intelligente"... C'est vraiment pas gagné pour que je passe une bonne soirée...


On commence le jeu des petits papiers pour mettre de l'ambiance. Je vous raconte pas l'imbroglio pour pas que je me retrouve "en couple" avec mes ennemis de la soirée...

- Tu les fais piocher d'abord et tu pioches après.

- Oui mais non parce que je peux toujours piocher leur double

- Ah ouais. Merde.

- Sinon tu divises le jeu en 2.

- Ou alors tu pioches d'abord, tu retrouves ton double, tu le sors, tu les fais piocher

- Et tu remets ton double !

- Ouais.... J'vais diviser le jeu en 2 hein... Ce s'ra plus simple.



Et j'ai pioché... Tadaaaaaaam.... Brad Pitt (puisque j'vous dis que je vais finir par le rencontrer !). J'ai trouvé mon Angelina. Puis j'ai été Leia. Et Patou, mon Dark Vador. Puis Stitch et Laura, ma Lilo.




L'apéro.

- j'suis sûre que t'es une ivrogne maintenant, j'te sers quoi ? .

- J'ai bien envie de gouter ce vin d'orange.

En essayant de l'ouvrir, le bouchon se désagrège dans le vin. (Et maintenant que j'y pense, je crois que cette bouteille était déjà dans le placard à alcool y a 15 ans. Ils sont très cons mais ils ont au moins le mérite de pas être alcooliques !). Des morceaux de liège flottent.

- Finalement, j'vais prendre un porto stoplé.

- Oh... bah pourquoi ? T'es sûre ? »

- Ouais.

- T'es chiante.


Commence le festival. Les enfants sont tout contents. Les adultes aussi. Lola, 3 ans, me tend un bol de chips dès qu'elle me croise. (Elle doit sentir mon besoin d’anesthésier mon trop-plein-d'émotions avec du gras). Ma nièce boit l'angoisse de mon frère et n'arrête pas de pleurer. Dès que ma mère s'adresse à un enfant, j'ai des révulsions. Alors je joue à cache-cache avec elle. Les mariés craignent que l'ambiance ne prenne pas. Lola me tend une énième verrine. Patou apprend à Charlotte, 4 ans, à dessiner son célèbre canard-cyclope. A moi : "Et après, je lui apprends à rouler des joints !". Ma mère arrive. Je vais au cabinet. Lola fait la folle sur Patou. "Vous inquiétez pas, j'ai mon BAFA !". Ma mère revient. Je vais dans la salle à manger admirer le... carrelage (très sympa dis donc ce... et puis ces... vraiment je...). Je reprends du porto. Patou me chambre allègrement. S'ensuit une joute verbale mature et cadencée :

- ivrogne

- toi le premier

- non toi

- toi même.

- j'avoue.


ET LA. Arrive l'invité de ma mère : Michel dans sa chemise moulante. C'est le type spirituel qui fait de la PNL et du sport tuvois. Il est « dans l'observation ». C'est à dire qu'il te fixe avec un regard ténébreux-pseudo-perçant l'air de dire "je vois clair dans ta psychologie". Hum-hum. Et moi je vois clair sous ta chemise blanche, et clairement tu pointes Michel.




Le repas



Ça parle d'éducation. Je me force à sourire malgré la quantité de conneries qu'ils peuvent débiter à la minute. Alors je bois du vin... Beaucoup de vin. Beaucoup TROP, de vin. "Vas y mollo quand même, c'est pas d'la grenadine hein !". Heureusement je suis à côté des comédiens, alors j'me bidonne bien. Chacun y va de sa dernière histoire d'amour ratée. Patou tente de nous attendrir avec le banalement célèbre : "Et je vais rentrer SEUL et je vais m'endormir SEUL..........................". Ça a failli prendre... mais on se marre plutôt.

La pièce montée

Le gâteau est magnifaïque. Sans gluten, sans lactose. Entre deux : "mais y a quoiii dedans alooors ? de l'eau ? waf-waf-waf", je me mets dans un coin pour signer le livre d'or.


- Tu fais ta dissertation pour lundi ?

- J'suis en congès ducon !

- Ton passeport alors ! Hein ? C'est ton cahier de vacances !

- Haha... Et sinon... Tu vas sur tes 40 toi c'est ça ?

- … Qu'est-ce qui nous est arrivé ? T'étais si mignonne quand t'étais petite !



Ma mère a quand même trouvé un moment entre le dessert et le café pour pleurnicher sur l'épaule de ma belle-sœur « je compreeeeends paaaas pourquoiii mes enfants me fooooont çaaaaaa, je les ai vouluuuu, aiméeeeee, choyéééééé. Bouuuh-ouh-ouuuh». (Les jurés se concertent et c'est un... 20/20 en tragédie ! Le public salue la performance de Marie-Chantal)




La soirée touche à sa fin. Et contre toute attente, j'ai passé une bonne soirée. J'ai tellement ri qu'il va falloir que je remuscle mon périnée. Et ça, c'est ̶g̶r̶â̶c̶e̶ à cause de Patou. S'il avait pas été là, j'aurais sauté par la fenêtre (et j'aurais atterri un mètre plus bas, sur le toit de la voisine, je n'me serais même pas fait mal, alors j'aurais du retourner à la fête, tête baissée, et tout le monde m'aurait pris pour une dégénérée...).

Mon hommage


Alors moi, aujourd'hui, j'aimerai rendre hommage à tous les Patous, Dédé, tonton-bouffon et autre papi-farceur. A tous ces Gus qui font s'envoler une ambiance pesante à l'aide d'habiles galéjades (ou de bonnes vieilles blagues de cul !). Ils dédramatisent , ils apportent de la légèreté et ils rythment n'importe quel échange barbant. Le tour de force sérieux ! Certains les trouve inconscients, lourdauds et pénibles. Et ben moi je les trouve hilarants, généreux et sensibles. Alors oui ils ont pas tout compris, ils sont souvent relous à pas sentir quand s'arrêter... Mais on leur pardonne. Parce que la petite dose de joie qu'ils nous apportent, n'a pas de prix !





Patou, MERCI.




LÂCHE

̶u̶n̶ ̶p̶e̶t̶

UN COM'

 

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