Le pardon... Mon cul !
Je suis tombée sur cette vidéo et au risque de paraitre sans cœur, je n'ai pas été touchée, ni par le concept, ni par leurs larmes. Et les commentaires des internautes m'ont affligée. Chacun y allait de son "pardonne le mal qui t'a été fait et tu vivras mieux" "si tout le monde pouvait pardonner, on vivrait au Paradis" "le pardon est une force" blablabla...
Mais qu'est-ce que le pardon réellement ?
J'ai entendu une foultitude de gens dire avoir "pardonné" leur bourreau. Or, leur agressivité constante, leur orgueil (et leur santé !) montraient tout l'inverse ! Je trouve terrible ce genre de personnes qui pensent être passées AU DESSUS du problème et qui se permettent de donner des leçons basées sur… un fourvoiement. C'est absurde ! J’ai rencontré tellement de ces individus soi-disant «spirituels» mais qui étaient simplement des gros-allumés-de-la-tête, dans le déni, et autant névrosés que leur voisin (qu’ils se permettent de critiquer durement soit dit en passant !).
J'ai lu des tonnes de bouquins de développement personnel/spirituel, depuis pas mal d'années. Je crois à tout plein de choses... Mais pourquoi ne suis-je pas devenue Gandhi moi qui avais ingurgité tant de belles paroles ? Pourquoi n’avais-je toujours pas confiance en moi ? Pourquoi éprouvais-je tant de colère face à tel ou tel genre de personne, malgré mes efforts démentiels pour être "dans la paix" ? Pourquoi me sentais-je si mal ? Parce que il y a un tout autre travail à faire avant tout ça… Je ne crois pas qu’on puisse prétendre être dans l'amour inconditionnel, dans la compassion, dans la joie, sans avoir fait le travail émotionnel qui donne accès à cette sphère ! L'un ne peut pas aller sans l'autre. On ne passe pas de l'étape "je souffre" à l'étape "je suis Bouddha" en un battement d'ail ! Tout comme on ne devient pas danseuse étoile en 3 pauv' cours de danse !
Dire "j'ai pardonné" si rapidement, c'est la solution de facilité pour s'empêcher de voir la couche de merde, pour s'empêcher de revivre les douloureux sentiments. Il ne s'agit pas de se battre contre son chagrin, il s'agit de l'écouter et de l'évacuer une bonne fois pour toute ! Le (long) chemin d’introspection avant d'être réellement serein, demande bien du courage. Une fois le chagrin évacué, ce qu'on appel le "pardon" (c'est à dire s'en foutre comme de l'an pèbre des monstres qui nous ont blessés jadis), se fait tout seul. Dans la continuité du travail. Sans même courir après. Sans même chercher à nommer le processus. Il me semble que plus on guérit, plus on entend sa petite voix intérieure, plus on en devient... "spirituel" sans même s'en apercevoir !
"Mais tu as choisis tes mauvaises expériences avant d'arriver sur Terre"
C'est pas sûr-sûr MAIS QUAND BIEN MÊME j’ai choisi d’arriver dans ce (su-blime) corps, avec cette famille (de blaireaux), sur cette planète (de gens mi-beaux mi-bêtes). Qui sait si mon but à moi c’est de "pardonner" ? Pourquoi ça serait l’objectif ultime ? Le chemin unique ? Et si mon but à moi c’était de m’affranchir des cons ? Et de côtoyer au maximum des gens pétillants ? Je ne veux pas dire qu’il faut ruminer sa colère, loin de là, juste s’écouter, dans le présent. Et moi, en étant honnête, je n'ai aucune envie de me forcer à excuser les couillons qui m'ont fait souffrir sous couvert de recommandations niaiseuses. Chaque chose en son temps... Bite.
Pour en revenir à la vidéo :
Je ne peux pas m’empêcher de me placer du côté de l’enfant (surement parce que je n’ai pas encore fait l’expérience d’être mère). Et moi ce que je vois, c’est un pauvre gamin au cœur pur, qui souffre encore beaucoup, et qui se sent obligé de pardonner à sa mère. De 1 parce que y a une pseudo thérapeute-en-furie qui lui bourre le mou à 2 cm de lui. Et de 2 parce qu’il est considéré comme "odieux" de continuer à en vouloir à quelqu’un qui vous présente ses sincères excuses. Mais le mal est fait, les blessures sont là et ce ne sont pas des pardons larmoyants qui vont effacer la donne. L'enfant devenu grand ne peut pas effacer d'un coup de baguette magique ses maltraitances sous prétexte que sa mère s'excuse ENFIN. Et si sa mère a vraiment fait le travail sur elle (ce que je doute vue la dureté de son visage), elle est censée comprendre que son fils est encore très TRÈS en colère et qu'elle doit lui laisser le temps qu'il faut, sans pression avant qu'il accepte ses excuses. Eeeeeh oui, tous les actes ont une conséquence. Elle doit l'entendre aussi.
Notre corps dit la vérité
N'oublions que notre corps sait et se souvient de tout, lui. Il ne passe pas l'éponge si facilement malgré ce que la tête croit/pense. Il guérira mais il prendra le temps qu’il faut. Et si par mégarde on se ment, il ne se gardera pas de nous envoyer des signaux plus ou moins douloureux !
Pour voir la vidéo sous-titré français, c'est : ici